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SHANTARAM VAYDIA

Shantaram Vaidya, rencontré en Inde en 1989, est devenu mon "grand-père" indien.

Un lien profond et sans "logique" apparente s’est ainsi établi entre nous. Je l’appelai "DadaJi".

Il m’a initiée à la culture indienne.

Il a partagé avec moi son expérience de vie et ses expériences spirituelles auprès de Gandhi et de Sri Aurobindo qui furent ses maîtres directs.

Il m’a accueillie dans sa famille, avec ma famille, et a commencé pour nous le cadeau unique de vivre avec une famille indienne. Il nous a présenté ses amis qui sont devenus les nôtres. Il a répondu généreusement à toutes mes questions et il a toujours tenu un langage de vérité.

Il m’a donné de précieux conseils de vie.

Cet homme incarnait la noblesse d’être.

Vous trouverez ci-dessous un texte de Catherine ASHMORE qui lui est consacré, puis une bibliographie.

Bonne lecture !

Nathalie.

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Regard d’un jeune homme de 80 ans

Texte de Catherine ASHMORE pour la revue "YOGA ET SANTE" de l’association "MEDECINE ET YOGA" - bulletin de liaison n° 19 – 1991

"Le Docteur SHANTARAM, écrivain, philosophe, médecin éclairé, pour la première fois de sa riche et longue existence a quitté l’Inde pour découvrir la France et le monde occidental. (…)

L’homme épris de nature a été enthousiasmé par nos jardins publics et la manière dont ils sont entretenus ainsi que notre campagne.

L’homme épris d’art a été subjugué par notre patrimoine artistique, particulièrement nos musées et notre architecture.

Le philosophe s’interroge sur notre hâte. Vers quoi courrons-nous ? Sur les quantités d’aliments, de biens matériels, de savoir intellectuel que nous amassons, dans quel but ? Sur l’utilisation de notre temps, sur la place laissée à la vie émotionnelle et à la vie spirituelle.

Le médecin ayurvédique a soigné pendant son séjour avec la fiabilité due à son expérience et à sa connaissance qui transcende les âges et les cultures.

Voici les conseils de santé qu’il donne :

Attacher une grande importance à notre alimentation, consommer la qualité et la quantité qui conviennent pour nourrir le corps et l’âme, choisir les aliments nutritifs adaptés aux tempéraments et aux saisons, qui seront entièrement digérés, une bonne digestion commençant par une bonne hygiène buccale. Pour éviter la constipation qui "invite les maladies", il faut développer la volonté qui va engendrer l’habitude d’aller à la selle toujours à la même heure. Il propose de pratiquer régulièrement les Asanas du Yoga, ce qui réduit la fatigue et rend la vie plus agréable. Il propose de s’accorder le repos nécessaire.

Pour conserver jeunesse, santé et joie, développer certaines attitudes qui libèrent de la souffrance, dire la vérité et y rester fidèle même si cela est difficile, éviter la colère, l’alcoolisme, l’adultère, la grossièreté et l’impatience. Il propose de placer en évidence dans la maison pour rester présent à la mémoire de chacun ce vers sanskrit : "L’homme qui sait s’alimenter, se comporter, qui réfléchit avant d’agir, qui maîtrise ses sens, qui fait la charité, égal dans le plaisir et la souffrance, qui suit le conseil des sages, cet homme ne sera jamais la proie de la maladie. Il réalisera sa vie normalement dans la grâce".

SHANTARAM est retourné en Inde, la présence de son sourire infini demeure."

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Biographie

SHANTARAM VAYDIA est né le 9 août 1911 dans l’état du Gujarat au nord-ouest de l’Inde. Il est issu du clan du grand Rishi (sage) médecin BHARADWAJA.

Il fit ses études dans une école qui suivait les principes d’éducation de GANDHI. Il y apprend l’anglais, les mathématiques, les sciences, le sanskrit, la musique (cithare, tablas) et le dessin. Cette école joue un rôle important dans la formation de son caractère.

C’est également pendant cette période, à l’âge de dix-sept ans, qu’il épouse sa femme KANTA, alors âgée de 8 ans. Ces mariages traditionnels scellaient la promesse d’une union qui prenait corps à l’âge adulte. Il aura cinq enfants avec KANTA et une vie de famille heureuse.

En 1930, lors de la "grande marche du sel", GANDHI fait halte dans son école. SHANTARAM lui pose la question suivante : "Dois-je rejoindre votre mouvement national maintenant ou à la fin de mes études ?" GANDHI lui répond : "Vous devez faire ce qui vous semble le plus en harmonie avec votre conscience profonde". Il décide de terminer l’année scolaire et de rejoindre le Mouvement. Il est arrêté un mois plus tard au cours d’une manifestation, avec quatre-vingt autres personnes. C’est le plus jeune étudiant du Gujarat à être incarcéré. Sa détention durera quatre mois, dans des conditions très pénibles. Il est ensuite extradé du Gujarat anglais, mais il y retourne pour continuer sa lutte et divulguer les principes de GANDHI.

Cet engagement lui vaut le rejet de son père qui lui coupe les vivres. Un mouvement de solidarité de ses professeurs et amis se crée autour de lui et lui permet alors de subventionner ses études de médecine allopathique et ayurvédique au Collège de PATAN.

Il y reste quatre ans et y rencontre PUNAMCHAND, un ami qui l’aide dans sa formation médicale et dans sa vie personnelle. C’est également grâce à lui que SHANTARAM rencontre son maître, SRI AUROBINDO, en 1933. Cette rencontre est une révélation et change toute son existence.

SHANTARAM poursuit dès lors sa carrière médicale en se rendant le plus souvent possible à l’ashram de PONDICHERRY.

En 1942 il se consacre entièrement à l’assaut final du mouvement national de GANDHI "QUIT INDIA" contre la domination anglaise qui aboutit à l’indépendance de l’Inde le 15 août 1947.

En 1956, son travail spirituel avec SRI AUROBINDO lui ayant permis d’acquérir la profondeur nécessaire à la maîtrise de la médecine traditionnelle, l’AYURVEDA, il devient professeur à la Faculté de médecine ayurvédique de SURAT ; il y enseigne pendant dix-huit ans.

Pendant cette période, il écrit une chronique hebdomadaire pour le GUJARATI-DELHI sur des sujets aussi variés que la philosophie, le mouvement national, la médecine ou la société.

Son premier livre "Les principes fondamentaux de l’Ayurveda" est publié en 1968. Suit un livre de témoignage sur un médecin renommé du Gujarat. Son troisième livre sur les proverbes médicaux du Gujarat est très remarqué. Plusieurs copies partent à la Bibliothèque National de WASHINGTON. En 1975, il écrit "Aperçus sur la GITA", le grand livre de philosophie indienne la BHAGAVAD GITA. En 1982 il traduit en Gujarati le livre de la Mère de Pondicherry "La grande aventure". Deux ouvrages restent en cours de publication, l’un sur les lieux de pèlerinage en Inde et l’autre sur la diététique ayurvédique.

En 1990, à quatre-vingts ans, il quitte l’Inde pour la première fois de son existence et découvre l’Occident. Il décide de traduire plusieurs de ses ouvrages et de transmettre ainsi à la France les trésors de la sagesse indienne.

Il quitte son corps à Ahmedabad chez l’une de ses filles à l’âge de quatre-vingt-quinze ans.